De son propre aveu, Nicolas Trüb n'a jamais vraiment su dessiner, et encore moins peindre. Dans les années 1970, il fit le désespoir de Madame Liance, professeur de dessin à Enghien-les-Bains. Certains disent que c'est parce qu'il est un conservateur réactionnaire et que donc les arcanes de l'art lui sont interdits. Mais c'est pire que ça ! Dans son livre Mon rêve n'est pas d'aller ailleurs il a même opportunément théorisé une opposition fondamentale entre le design et le dessin. Nicolas Trüb est fondamentalement un designer ; sa vocation est d'analyser les problématiques dans le périmètre le plus vaste. Ce qu'il sait faire c'est construire, imaginer... et écrire. Alors, dès que l'IA générative a fait son irruption, c'était il y a déjà longtemps, fin 2022, il s'est pendu au cou de sa désormais meilleure amie qui lui ouvrirait un angle jusque là resté mort. Longtemps, l'art subversif a été aux mains des artistes de l'image mus par une pensée progressiste soutenue par l'état. Quel que fut mauvaise la foi de leurs arguments, quel que médiocres furent leurs idées, ils surent néanmoins transcrites avec une méthode et un art impeccables, perdant au passage par la case subvention toute capacité à la subversion, dans un mariage arrangé entre le milieu artistique et la bourgeoisie dite "progressiste" sous couvert de fausses oppositions spectaculaires décrites jadis par Guy Debord. 2023 année historique ? L'irruption brutale de l'intelligence artificielle en général et de la génération d'images en particulier ont rebattu les cartes. C'est l'objet de cette exposition : une intelligence virtuelle au service d'une subversion réelle. Et oui : ça dérape.
Expo ouverte du mardi au samedi, 11h-14h / 15h-19h + 10h-19h le samedi. - Jusqu'au 26 mars.
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